Rae Morris

Interview

null
Repérée après avoir prêté sa voix sur le single de Bombay Bicycle Club "Luna", Rae Morris est en route pour devenir une grande star. Nous avons appelé la chanteuse de Blackpool pour parler de sa récente nomination au BBC Sound de 2015, et pour savoir à quoi s’attendre avec son premier album studio "Unguarded".

Bravo pour ta nomination au BBC Sound de 2015. Que ressens-tu maintenant que l’adrénaline est retombée?

Merci! Je suis tellement reconnaissante d’avoir fait partie d’un tel événement. Tout le monde a l’air optimiste par rapport à la nouvelle année, ce qui est super, ça veut dire que les gens sont prêts à découvrir toutes ces nouvelles musiques.

Quels sont les autres nommés que tu apprécies?

Je me sens mal à l’idée de choisir parmi tous ces gens, toute la liste est tellement cool! Je suis une grande fan de SOAK; je trouve qu’elle est super. Il y a également James Bay avec qui j’ai beaucoup traîné, en jouant dans les mêmes salles. Et je suis très fan de Låpsley et de Years & Years aussi, donc un tas de gens. Je me sens juste super chanceuse et excitée de faire partie de cette liste. Quelque soit le résultat, nous sommes tous des amis et nous sommes tous heureux les uns pour les autres.

Peux-tu nous raconter comment tu es tombée dans la musique? Quel est ton souvenir musical le plus vieux?

Oh la la. Je me rappelle danser dans la cuisine sur Harry Connick Jr. quand j’avais trois ans, j’aimais vraiment son côté ‘big band’. Ma mère avait sa cassette vidéo – je ne sais pas pourquoi, parce qu’on n’était pas vraiment des fans de jazz ou de blues. Mais je me souviens avoir adoré ce moment!

Quel a été le premier disque que tu as acheté avec ton argent de poche?

PJ Harvey, "Stories From the City, Stories From The Sea", du HMV de Blackpool. Je me souviens d’ailleurs l’avoir acheté uniquement parce que j’aimais la pochette – je ne savais pas qui elle était! J’ai acheté "Rid Of Me" en même temps, parce qu’elle paraissait vraiment cool sur la pochette. C’est ce qui m’a attiré à rentrer dans l’univers des chanteuses-compositrices féminines.

Quand as-tu commencé à écrire de la musique?

J’ai commencé à écrire quand j’avais 17 ans. Je suis partie de Blackpool pour aller au collège à Preston, et vivre toutes ces nouvelles expériences, rencontrer toutes ces nouvelles personnes – dont beaucoup de musiciens – c’est ce qui m’a fait découvrir un tout autre monde. J’ai écrit ma première chanson à ce moment là, puis je me suis fait une petite collection de chansons assez vite, afin de commencer à pouvoir jouer en live.

Preston n’est pas très connue pour sa scène musicale, peut-être pour sa trop proche proximité à Manchester. Comment est la scène là-bas?

Oui, je crois que c’est la même chose pour la ville de Blackpool, ou pour d’autres villes comme Blackburn ou Bolton. Il y a toujours une bonne scène musicale à Preston. A l’époque, j’allais aux soirées Open Mic du Mad Ferrett chaque semaine, et il y avait tellement de musiciens talentueux, c’était incroyable. Personne ne connaissait cet endroit pendant quelques temps, puis les labels de Londres ont commencé à venir pour voir des concerts. C’était une période très excitante.

Avant cela, pensais-tu devenir musicienne professionnelle?

Je ne pensais pas que ça pouvait être une option à l’époque. Une de mes amies était signée par un label et elle faisait des choses super, donc je savais que ça pouvait se faire, mais je ne pensais pas que ça allait m’arriver. Puis, quand j’ai commencé à recevoir des messages de gens me disant qu’ils voulaient assister à mes concerts, c’est devenu surréel. C’était vraiment une époque palpitante, car je n’arrivais pas à réaliser quoi que ce soit.

Ca fait maintenant trois ans que tu es signée chez Atlantic Records. Tu as voulu prendre ton temps avec ce premier album?

Absolument. Quand j’ai signé, je venais d’avoir 18 ans et je ne savais pas trop ce que je faisais, mais j’étais très consciente de ne pas vouloir me presser en sortant trop vite un album. L’industrie musicale se focalise trop sur l’âge. Pour moi, il s’agissait de sortir le bon album au bon moment. J’ai été très chanceuse qu’Atlantic me donne le temps de respirer, et de comprendre ce que je voulais faire.

Tu as du acquérir beaucoup de maturité en tant que compositrice en trois ans.

Oui, j’ai appris ce qui était important, mais c’est souvent des choses que tu sais déjà au fond de toi. Tous ces instincts que tu as quand tu débutes peuvent vite disparaître. Au lieu de les remplacer par d’autres connaissances, il faut continuer à avancer. Je pense que j’ai assez bien réussi à définir ma personnalité et comprendre qui j’étais et ce que je voulais accomplir.

Pour ceux qui n’ont pas encore entendu "Unguarded", à quoi peuvent-ils s’attendre?

C’est une collection de chansons que j’ai écrit depuis l’âge de 17 ans, donc je dirais que ça représente mon parcours. Ces chansons ont fait partie de mon évolution en tant que personne, et au cours de cette évolution, je me suis distancée du piano pour essayer des sons plus électro. Il s’agit de différentes textures de sons et de tons synthétiques, avec une instrumentation plus organique de la part de grands musiciens. C’est censé être un album plein d’émotions, et j’espère que les fans l’entendront ainsi.

Comment Ariel Rechtshaid est-il arrivé sur le projet?

Cela s’est fait avec l’aide du label; je ne le connaissais pas. Au départ, je n’étais pas certaine de vouloir travailler avec quelqu’un en dehors de l’Angleterre ; vivant à Blackpool à l’époque, je ne voulais pas être déracinée. Mais je suis allée à LA pour le rencontrer et nous nous sommes très bien entendus, nous étions d’accord sur comment procéder.

Qu’a-t-il apporté au procédé d’enregistrement, que d’autres producteurs n’auraient pas apporté?

Je crois que c’était sa personnalité. Il est de nature très calme, du genre "Voilà comment nous allons procéder, ne t’en fais pas, et n’y pense pas trop. On va s’entourer de musiciens exceptionnels et enregistrer dans ce studio incroyable." Avant, je me souciais de trop de choses, en pensant que parce que c’était le premier album, il fallait à tout prix mettre la barre au plus haut. Je pense qu’il m’a aidé à simplifier les choses.

Au niveau des paroles, y a t-il un thème qui unit les morceaux sur l’album?

Oui je crois. Maintenant que l’album est clôturé, je peux dire en effet que j’écris sur des thèmes similaires. Je suis assez honnête avec mes émotions, donc d’une certaine manière, mes chansons sont un peu mon journal intime. J’ai tendance à me poser beaucoup de questions et je suis consciente de ne pas toujours avoir les réponses… le dernier morceau de l’album, "Not Knowing", résume bien tout ça.

Peux-tu nous en dire plus sur le morceau éponyme?

Pour moi, "Unguarded" était la pièce manquante du puzzle. J’avais terminé les autres morceaux, et écrire ce dernier morceau, c’était comme essayer de comprendre ce que tout l’album signifiait. C’est une déclaration: "Me voici, voilà qui je suis, ce que je veux, et je ne me cache pas." C’est une peinture de moi assez honnête.

As-tu un titre préféré sur l’album?

Il y a un morceau intitulé "Mourne Fortune" que j’aime beaucoup, car ça parle de ma relation avec ma famille. C’est pour moi la chanson la plus importante en ce moment.

Tu as eu une année extraordinaire. Comment pensais-tu que cette année allait se passer par rapport à la réalité?

Voyons, j’ai fini d’enregistrer l’album à LA à la fin de l’été 2013, et je pensais surement à l’époque le sortir directement en rentrant en Angleterre. Donc dans ma tête, 2014 allait être l’année où sort cet album. Le fait que la sortie fût autant décalée semble être pour le mieux ; l’histoire aurait été toute autre si j’avais dû le sortir plus tôt. Là, c’est le bon moment.

Où aimerais-tu être dans ta carrière l’année prochaine?

J’aimerai être assise au même endroit, à vous expliquer que j’ai eu une année remplie de concerts et de saisons de festivals. Je veux vraiment vivre ces expériences! Je veux également faire quelques projets TV et rencontrer des gens incroyables qui m’influenceraient. C’est en train de se produire en ce moment, je veux juste accueillir tout ça à bras ouverts et avoir une année super intéressante.

Décembre 2014